La notion de stress a été introduite par l’endocrinologue Hans Selye au début du XXe siècle. Il a établi que le stress est une réponse du corps à toute demande qui lui est faite : l’organisme réagit avec des changements biochimiques, dans le but de maintenir un état d’équilibre.
Si l’ampleur de l’événement stressant est gérable pour l’organisme, il n’y aura pas de conséquences néfastes. En revanche, si les ressources de l’organisme sont insuffisantes, des dérèglements et problèmes peuvent survenir.
Au niveau endocrinien, nous réagissons selon trois phases : la phase d’alarme, la phase de réaction et la phase d’épuisement. Cette phase d’épuisement survient lorsque le stress est devenu chronique et qu’à force de sollicitations, l’équilibre se rompt. Un changement soudain, imprévu ou un épisode traumatique peuvent également mettre à mal l’organisme « dépassé » dans sa capacité à maintenir l’équilibre.
Toutefois, H. Selye a également instauré l’idée d’ « eustress », stress positif : celui qui prépare le corps à faire face à une situation, un défi, ou nous permettre d’atteindre un objectif.
Sur le plan émotionnel, l’eustress procure des sentiments positifs de satisfaction par exemple. Sur le plan psychologique, il permet de développer notre autonomie, notre résilience. Et sur le plan physique, il peut nous aider à renforcer notre corps.
J’en veux pour exemple Aymerick :
Aymerick M., 42 ans, est Développeur dans une célèbre compagnie d’assurance. Au sein de cette grande entreprise, les avantages peuvent séduire et valoriser les collaborateurs mais le stress est généré par des difficultés de coordination et de réalisme dans certaines demandes.
Confidences et stratégie pour mieux vivre au travail, selon Aymerick.
Comment vivez-vous la Qualité de Vie au Travail dans votre entreprise ?
Nous bénéficions de très beaux locaux et avons accès à de nombreux services de proximité comme une conciergerie, la possibilité de sortir nos chiens, une cantine, une zone de repos,… Nous disposons également de clubs, de groupes d’activités tels que la photo. En un an, depuis mon arrivée dans cette entreprise, je n’ai même pas eu le temps de prendre connaissance de tout ! Côté financier, nous percevons une participation mensuelle aux bénéfices. Cette redistribution me donne le sentiment de contribuer à la valeur de l’entreprise, que mes efforts sont reconnus. La qualité pour moi réside aussi dans le respect de mon travail et dans la confiance que l'on m'accorde en me réservant des missions parfois complexes. Je me sens alors unique dans la valeur que je donne à l’entreprise et m’investis pleinement. Et la QVT au niveau humain ? Au sein de mon service, nous sommes une équipe de six personnes très soudées. Chacun d’entre nous est pointu dans son domaine. Ce niveau d’expertise nous permet d’échanger de façon approfondie : par exemple je peux parler couleurs à des graphistes, débattre, plaisanter même sur le sujet. Cette connivence nous amène souvent à parler musique ou création de vêtements par exemple. Quelles peuvent être les sources de tension ? Au sein des autres services, il existe toujours des personnes qui ont peur pour leur poste et se protègent. Elles peuvent parfois ne pas être dans l’entraide pour se préserver. Mais une grande source de tension pour moi, dans cette grande entreprise à la hiérarchie pyramidale, c’est lorsque deux demandes nous arrivent simultanément, comme deux projets exigeant quatre jours de travail chacun, à finir sur la même semaine : or une semaine compte cinq jours. Ce manque de coordination et de priorisation génère du stress. Quelle serait votre définition personnelle du stress ? Le stress se construit au fur et à mesure de la journée. Je me prépare le matin en ayant conscience que je dois tenir l’horaire pour ne pas être en retard. Puis je prends le train. Il peut y avoir une suppression, un retard. Mon espace vital privé est empiété car nous sommes serrés. C’est une oppression. Puis si j’arrive avec retard au travail, j’aurai une réflexion. L’anticipation mentale de cette réflexion est déjà un stress. Cette mécanique continue toute la journée : le stress tient sur une notion de temps, d’espace et de rapport à l’argent. J’ai découvert la notion de stress en Europe. J’ai vécu en Côte d’Ivoire, jusqu’à mes vingt ans. Là-bas, ils rient de nous en nous voyant courir derrière un train, réaliser des sprints colossaux alors même qu’un autre arrive quinze minutes plus tard. C’est le paradoxe des grandes villes : nous avons énormément de moyens à notre disposition mais nous n’en profitons pas. Au travail, il en va de même : nous avons des ordinateurs incroyables, des technologies de pointe, nous travaillons sur des projets complexes. Au final, vous êtes client d’assureurs : combien de fois allez-vous sur l’appli du vôtre, honnêtement ? Il est frustrant de s’investir dans des projets dont on sait qu’ils ne seront pas utilisés. C’est un manque de sens. Quelle est votre philosophie du bien-vivre au travail ? J’ai une ligne d’horizon, un objectif. Mon poste actuel est une étape dans mon évolution professionnelle. Je fais mes choix, de ce fait j’accepte les contraintes qui les accompagnent. La résistance crée des frictions. L’acceptation est essentielle : accepter qu’il y a un flux et suivre le flux avec la flexibilité du roseau.
Une réponse de la sophrologie
Notre faculté à agir sur notre environnement semble limitée puisque les facteurs de stress identifiés ici appartiennent aux modes de fonctionnement des grandes villes, des entreprises, aux injonctions de la hiérarchie,… Aymerick trouve une stratégie de défense possible dans l’acceptation, celle des contraintes inhérentes à une situation qu’il a choisie dans l’optique de son évolution professionnelle.
À l’agression extérieure, Aymerick répond de façon gérable pour lui. Une proposition de la sophrologie pourrait être d’agir en prévention du stress dans l’évacuation quotidienne des tensions, dans son corps, dans son esprit. Qu’il s’accorde un moment écologique pour lui-même : de calme, de paix. Relativiser ou inhiber le stress peut faire monter la pression dans une cocotte, ou augmenter la température dans la marmite de la grenouille ne s’échappant pas puisque « ce n’est pas chaud, jusque-là, ça va encore ».
Dans la détente, recherchée et vécue par exemple au cours des entraînements en sophrologie, corps et esprit retrouvent la voie du bien-être. Nous renforçons notre vitalité, notre santé corporelle et mentale. Nous habitons alors notre « espace intérieur » comme une zone plaisante, sécure, plus forte pour non pas subir mais rester acteurs de notre bien-être.
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